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Le blues de l’homme de théâtre

Sur l’air du Blues du businessman

Je réussis à vivre de mon art

Mon père ne comprend pas ma démarche

Je suis ma propre secrétaire

J’ai mon bureau dans un presbytère

Avec une vue sur le métro

Et les corridors sanitaires

 

Je passais la moitié de ma vie en salle

Entre Montréal et Dolbeau

Depuis je voyage dans ma tête

J’ai ma résidence artistique

Dans tous les théâtres fermés

Ma chambre s’est transformée en studio

 

— Au moins es-tu heureux ?

Je suis anxieux et j’ai l’air bête

J’ai perdu le sens de la fête

Depuis l’annonce de la ministre

 

Je fais du théâtre et j’en suis fier

Au fond je n’ai aucun regret

J’ai seulement peur de devenir amer

 

— Qu’est-ce que tu veux, mon vieux !

Dans la vie on fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut…

 

J’aurais voulu être PDG

Pour pouvoir toucher de gros bonis

Quand l’avion se pose sur la piste

De tous les paradis fiscaux

 

J’aurais voulu faire du numérique

Avec une subvention de Simon Brault

 

J’aurais voulu être la ministre

Pour vous dire de réinventer vos vies

Vous dire de réinventer vos vies

 

J’aurais voulu être François Legault

Pour tous les jours, changer de masque

Et pouvoir me trouver beau

Sur un grand écran en couleur

Sur un grand écran en couleur

J’aurais voulu être Guy Laliberté

Pour pouvoir racheter mon cirque

Avec les deniers publics

Et vivre comme un millionnaire

Et vivre comme un millionnaire

J’aurais voulu être un docteur

Pour enfin devenir essentiel

Et ne plus justifier pourquoi j’existe

 

Paru dans la section Opinion du quotidien La Presse, 4 juin 2020.

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